Deux ans après (à peine, serait-on tenté de dire) la sortie de son premier roman, Les Rêveurs, Isabelle Carré présente son nouveau roman, Du côté des Indiens. Nous avions envie de parler avec elle de ce nouveau mode d’expression artistique qui l’enthousiasme, et lui permet de reprendre une conversation intérieure qu’elle avait suspendue.
Votre deuxième roman sort en librairie le 19 août. Et les Luziens auront la primeur d’une séance de dédicace.
J’aime beaucoup les rencontres en librairie, c’est très différent des rencontres lors des avant-premières de films. Il y a quelque chose de beaucoup plus intime. Est-ce parce qu’un livre parle à l’oreille et que, du coup, les gens ont envie de confier leur propre histoire ? Parfois on reçoit des paroles très émouvantes, c’est un bel échange. Et puis le livre, c’est ma musique, ce sont mes mots, trois ans de ma vie. Même si je suis très attachée à certains de mes films, je n’ai en charge que la trajectoire de mon personnage, alors que dans un livre, je gère tous les personnages, le décor, la musique… C’est une liberté d’expression que je ne connaissais pas encore et qui me comble.
Le confinement a-t-il été un temps propice à l’écriture ?
Oui, j’ai écrit pendant le confinement, mais pas tant que ça parce que j’étais maîtresse d’école de CE1, CM1 et 6e donc j’avais quand même du boulot ! J’aime beaucoup écrire ici. Le fait d’être dans la nature, d’avoir de l’espace, ça libère à l’intérieur.
De quoi parle votre nouveau roman ?
Le titre aurait pu être « Du côté des perdants » ou « Les Perdants magnifiques ». Quatre personnages vivent dans un même immeuble à Courbevoie. Chacun va être confronté à une difficulté ou une révélation dont il va devoir se rétablir. C’est un roman plus fictionnel que le premier, mais qui reste avec des points autobiographiques ‒ pas toujours là où on croit, j’aime bien jouer avec ça.
Est-ce que ce deuxième ouvrage s’est écrit plus vite ?
On va dire oui, dans la mesure où le premier m’avait pris trois ans, mais que je le portais depuis vingt ans ! Celui-ci m’a demandé deux ans et demi environ.
Avez-vous eu moins peur de la page blanche ?
Davantage au contraire, car je me demandais si je n’étais pas l’auteur d’un seul livre. Mais j’ai ces mêmes interrogations pour les films. Je me demande toujours si la mayonnaise va prendre.
La certitude, c’est que je ne m’arrêterai plus d’écrire. Je m’en veux beaucoup de m’être arrêtée. Je me suis arrêtée à l’âge de trente ans, sans réelle cause, à part le temps, des rôles importants qui me permettaient de m’exprimer. Mais malgré tout, je me dis quelle perte de temps ! C’est tard quoi, c’est tard…
Faites-vous lire votre texte à vos proches, en cours ou en fin d’écriture ?
À presque personne. Je ne veux pas qu’on m’influence. Je me dis que c’est peut-être ça le secret, rester sur sa ligne. Peu importe s’il y a des fragilités ‒ et il y en aura ‒, ce seront les miennes. Là, on entend ma voix. C’est ce que je me dis pour me réconforter de toutes les erreurs qui seront là.